La visite commentée d’Etourvy
Rattaché au diocèse de Langres jusqu’au XVIe siècle, le village d’Etourvy est placé sous le patronage de Saint Georges (dont l’iconographie porte en héritage l’idéal chevaleresque). Toute la visite de ce vendredi 20 juillet avait donc pour fil rouge Saint Georges, présent dans chaque monument.
L’église
L’église Saint-Georges n’est actuellement visible que de l’extérieur, car elle est en travaux. Elle a subi, comme la plupart des édifices religieux, de nombreux remaniements au fil des siècles. Érigée au XIIe siècle, elle a connu des transformations au XVIe et au XVIIIe siècle notamment. Sur tout le pourtour de la façade se trouvent les restes d’une litre funéraire du XVIIIème siècle peinte aux armes de la famille de la Madelaine de Ragny (litre également présente à l’intérieur). Originaire du Charollais, celui-ci possédait plusieurs terres : on le retrouve également présent sur la litre funéraire à l’intérieur de l’église de Cussangy.
Le domaine Saint-Georges
Les églises demeurent bien souvent le seul attrait des petits villages qui tombent en désuétude. Or ici, à Etourvy, ce n’est pas le cas. Le village se situe au croisement de plusieurs chemins de randonnée, et notamment sur la route de Compostelle. Des pèlerins s’y arrêtent régulièrement pour une halte. Ainsi, promeneurs de tous horizons ont le loisir de profiter d’un lieu pittoresque et fort agréable qui témoigne de son histoire à travers différents vestiges restaurés et bien mis en valeur :
- un colombier, autrefois signe extérieur de richesse sur la terre du seigneur des lieux ;
- la fontaine Saint-Georges, résurgence du Landion (« Lieu divin », nom donné par les Celtes avant sa christianisation, il y a de cela 3000 ans) ;
- la croix de source, classée au titre des Monuments Historiques en 1942. Son rôle était de protéger l’eau, élément essentiel à la vie. Elle est unique dans l’Aube par la richesse et les détails raffinés de ses ornements, caractéristiques de la Renaissance (XVIe siècle). L’on peut y voir les 4 évangélistes représentés par leurs attributs et les instruments de la Passion, expression de la symbolique chrétienne. Le M gravé en haut fait sans doute référence à la famille de la Madelaine de Ragny, évoqué plus haut, dont on connaît la présence dans le Chaourçois dès la fin du XVIe siècle ;
- le lavoir à impluvium de la fin du XIXe siècle (1887), alimenté par un puits et un bassin qui servait de récupérateur d’eau de pluie ;
- Le moulin à huile et à farine, construit de 1815 à 1818. On y broyait des graines de colza, d’oeillette, de noix, de tournesol pour en extraire de l’huile. Aujourd’hui, le moulin ne fonctionne plus, sauf pour des démonstrations exceptionnelles comme lors de la journée européenne des moulins. Les meules sont toujours en place, ainsi que toute la mécanique qui permettait de les actionner. Visite à ne manquer sous aucun prétexte pour les amateurs de petit patrimoine !
- Et un arboretum autour du Domaine Saint-Georges, qui nous accueille à l’ombre d’un érable sycomore pourpre, d’un cèdre de l’Himalaya, d’un tulipier de Virginie (comme à Coursan-en-Othe), d’un marronnier d’Inde, d’un épicéa commun, d’un aulne glutineux, d’un robinier faux-acacia, d’un copalme d’Amérique, d’un paulownia, d’un tilleul argenté. De quoi réjouir nos sens face à une telle diversité !
Par les grandes chaleurs d’été, je vous recommande la visite de cette terre aujourd’hui champenoise mais bourguignonne par son héritage historique. Vous y trouverez calme, apaisement, ressourcement et rêverie, au contact de l’eau, du végétal et du minéral.