Visite insolite à la ferme avec Hervé et Nathalie…
C’est au sud de Troyes, dans le paisible village d’Assenay, au cœur de l’Aube en Champagne, que je me suis rendue cette après-midi, pour aller à la rencontre d’Hervé Raoult et de son élevage d’animaux de tout poil. Vous l’aurez compris, la ferme d’Assenay accueille diverses espèces élevées pour leurs poils ou leur laine.
Une reconversion réussie
Anciens fleuristes du Cygne fleuri à Buchères, Hervé et Nathalie Raoult ont décidé de changer de cap en 2008 pour se lancer dans l’élevage d’animaux laineux, avec pour objectif de monter, à plus long terme, une véritable collection de fibres animales. Ce projet original pourrait bien être unique en France et trouve toute sa raison d’être à l’intérieur de nos terres auboises qui ont connu l’essor spectaculaire de la bonneterie au XIXe siècle.
La ferme qui les accueille constitue un héritage familial depuis 1640. Le tricotage aussi est un savoir-faire qui existe depuis des générations dans la famille et qui s’est naturellement transmis, y compris aux hommes. Hervé explique que pendant longtemps, il a tricoté en cachette, jusqu’à ce que ses enfants, pour lesquels il confectionnait des pulls, découvrent le secret de fabrication ! Depuis quelques années, le tricot revient sur le devant de la scène et n’épargne personne, jeunes ou moins jeunes, hommes ou femmes : c’est une pratique désormais pleinement assumée !
En parallèle de ce bel héritage, Hervé voue depuis sa plus tendre enfance une admiration particulière aux camélidés. Toutes les conditions se trouvaient donc réunies pour se lancer dans l’aventure : des alpagas, des lamas, mais aussi des lapins angora, des chèvres mohair, cachemire, des moutons mérinos, d’Ouessant et wallachi ont intégré la ferme, qui a pu ouvrir ses portes au public en 2009. Des cochons d’Inde et divers volatiles (cailles, poules, coqs) sont aussi présents pour l’agrément des enfants.
L’activité de la ferme
Ici à Assenay, Hervé et Nathalie tiennent à leur indépendance. Tout est fabriqué sur place, du début jusqu’à la fin, et dans le plus grand respect de la nature : pas de traitement des textiles et encore moins de teintures. L’alpaga possède pas moins de 22 nuances, que l’on peut par ailleurs mêler entre elles pour en créer d’autres. La nature se suffit à elle-même, elle pourvoit à tout. Qui l’eut cru ?
Mais la vie de la ferme ne s’arrête pas là, elle bouge, elle se meut, animée par de beaux projets : celui, pédagogique, par exemple, de créer une production de vers à soie (des mûriers viennent d’être plantés pour accueillir ces merveilleuses petites bêtes) ; ou encore celui de créer une véritable collection de fibre animale par l’acquisition, dans les années à venir, de nouvelles espèces comme le yack ou le chameau.
Le déroulement de la visite
L’élevage
La visite est idéale à faire en famille et commence avec les lapins : plusieurs races de ces lagomorphes se côtoient dans les clapiers mais il faut bien dire que la star du lieu, c’est le lapin angora, grosse boule de poils d’une blancheur pure pour certains, extrêmement douce et soyeuse. Et je vais mettre tout de suite un terme à vos angoisses les plus folles : non, on ne tue pas les lapins pour récupérer leur fourrure ! Au contraire, on respecte leur cycle naturel : la mue se produit tous les trois mois environ. Hervé prend les lapins sur ses genoux et les déshabille entièrement, ce qui les soulage. Un lapin donne ainsi en moyenne 300 g de laine.
Un peu plus loin se trouve la bergerie, qui accueille chèvres et moutons, tondus quant à eux au printemps ou au début de l’été. Et enfin le vaste enclos des lamas et alpagas, animaux grégaires de bonne compagnie.
La transformation des fibres
Quand je vous disais que la ferme d’Hervé et Nathalie s’inscrivait droit dans la lignée de la bonneterie troyenne, ce n’était pas par vanité ou juste pour faire joli. Le couple récupère d’anciennes machines (qui ne se fabriquent plus, qu’on se le dise !) pour accomplir le travail de la laine : cardeuses, rouets et fuseaux ont investi les lieux, non pas pour décorer et donner une ambiance rétro, mais bien pour être utilisés à des fins professionnelles. Le clou du spectacle se trouve certainement dans cette pièce exiguë où tricotent deux machines à chaussettes.
Mais Hervé et Nathalie consacrent aussi un nombre incalculable d’heures à tricoter gants, chaussettes, écharpes, bonnets, ponchos… à la main. Une paire de gants faite main demande une journée entière, contre 3 heures à la machine !
La boutique
Tous ces vêtements, vous pouvez les trouver dans leur boutique, sur place. Et tenez-vous bien, il est possible de vous faire faire un tricot sur mesure, ou bien de modifier un habit trop grand ou trop petit pour l’ajuster à votre taille et à votre morphologie.
Et la coquetterie ne s’arrête pas là : vous pouvez aussi vous acheter des bijoux en laine feutrée (boucles d’oreille, colliers…) qui sont du plus bel effet. Le tricot, ça n’est pas ringard, c’est chic et tendance ! Une idée au passage : en plus de pouvoir faire vos habits vous-mêmes, pourquoi ne pas venir vous fournir ici pour habiller de vos jolis tricots les arbres des Quais de Seine à Troyes ? C’est local, c’est naturel. Dans tout ça, il y a l’art, et la manière.
Informations pratiques :
Vous serez accueillis sur rendez-vous en appelant Hervé et Nathalie Raoult au 03 25 46 59 94 ou au 06 25 00 12 31.
Adresse : 6, rue Garnière 10320 Assenay, dans le canton de Bouilly à 18 km au sud de Troyes.
E-mail : hapnrv@orange.fr
Les visites se font sur la demi-journée ou la journée complète pour les particuliers, mais aussi les groupes à partir de 6 personnes ou les scolaires (80 élèves maximum).
Il est possible de manger sur place en faisant appel à un traiteur.
Des goûters d’anniversaires peuvent être organisés pour un minimum de 8 enfants. Au programme : chasse au trésor, promenade des alpagas à la longe, nourrissage, fabrication d’un objet en laine et barbapapa !
Pour les tarifs, consultez le détail sur leur site internet :