Une étape incontournable dans l’Aube en Champagne : l’église Saint-Félix de Polisy
Ce matin-là, j’avais rendez-vous avec Elisabeth Pastor-Dubraud, guide-bénévole dans le cadre de l’opération estivale Un jour, une église. Passionnée d’histoire et de patrimoine depuis toujours, curieuse et avide de connaissances, Elisabeth aurait aimé être archéologue, mais la vie en a décidé autrement. Qu’à cela ne tienne, maintenant qu’elle a quitté la vie active, c’est tout naturellement qu’elle s’est consacrée à l’étude de l’église Saint-Félix, fort consciencieusement, et qu’elle propose désormais aux passants d’ici ou d’ailleurs des visites commentées et documentées. Niché au cœur de la Côte des Bar, entouré de vignobles et de vieilles bâtisses en pierre, le charmant village de Polisy recèle bien des richesses et des surprises de taille, à commencer par son église, jouxtée par un château aujourd’hui hélas très délabré mais au passé fastueux.


L’église
Nous pénétrons dans l’église par le flanc méridional, orné d’un portail caractéristique de la Renaissance classique, et descendons quelques marches. Elisabeth me fait d’emblée remarquer que l’édifice ne comporte qu’un seul collatéral. Pour cette raison, la voûte en carène a dû être entièrement refaite : elle s’effondrait à cause du manque d’appui du côté opposé, dépourvu de collatéral. Des entraits ont été rajoutés pour consolider l’ouvrage, tandis que la poutre centrale le reliant d’est en ouest a été conservée. Nous pouvons y voir des clés sculptées, toutes d’origine, représentant des grotesques ou des motifs floraux.
L’architecture de l’église témoigne ainsi des différentes phases de construction et de reconstruction : le choeur, du XIIe siècle, laisse place à une nef et à un collatéral méridional du XVIe siècle, dont la voûte a été refaite en 1724, comme l’atteste une inscription sur le mur. Deux chapelles viennent s’ajouter au tout : l’une, côté nord, sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste, est privée et abrite les tombes des seigneurs de Dinteville depuis 1477.
Les Dinteville et les arts


Les empreintes, sur place, de la vie fastueuse menée par ces grands seigneurs sont aujourd’hui bien minces, mais notons tout de même que les carreaux de faïence qui ornaient le sol du château ont été classés Trésor National et sont aujourd’hui visibles au musée de la Renaissance à Ecouen, leur lieu de conservation. Un tableau renommé de Hans Holbein, Les Ambassadeurs français, véritable chef-d’oeuvre peint en 1533, rappelle également le rôle important joué par Jean de Dinteville, qui fut envoyé comme diplomate en Angleterre par François Ier.
Si Le Primatice vint décorer le château de Polisy, il n’est pas impossible d’envisager que des échanges de savoir aient eu lieu entre les artistes champenois et le grand maître italien : les peintures murales de l’église, de meilleure facture que la majorité des peintures murales de la Champagne méridionale de la même époque, affichent une certaine qualité d’exécution, une plus grande précision et un souci de la perspective propre à l’art de la Renaissance, mis en oeuvre tout particulièrement dans le tableau de la flagellation du Christ.
Cette oeuvre centrale, point d’orgue de l’ensemble peint, est entourée de saints personnages parmi lesquels figurent saint Honoré, patron des boulangers, et saint Barthélémy, patron des bouchers. Il est alors permis de penser que ces corporations, riches et influentes au XVIe siècle, ont pu soutenir financièrement la réalisation de ces peintures. De part et d’autre de cet ensemble, vous pourrez aussi découvrir l’Education de la Vierge, sainte Catherine, saint Paul et saint Nicolas.
Les vitraux
Les vitraux ont quant à eux été remaniés en 1999, incluant dans leur ensemble les quelques fragments restants de panneaux du XVIe siècle, parmi lesquels une magnifique miniature en grisaille représentant le baptême du Christ.
La statuaire
La statuaire n’est pas en reste non plus : outre quelques oeuvres du XIXe siècle en provenance de la sainterie de Vendeuvre, sont à signaler une Vierge de l’école de Mussy au déhanché typique de l’école bourguignonne, une Charité de saint Martin datée du XVe siècle, absolument remarquable par sa qualité d’exécution, et un Ecce Homo du XVIe siècle au-dessus du portail méridional qui serait attribuable à l’atelier du maître de Chaource.


Informations pratiques
Les mots ne suffisent pas à décrire toutes les richesses et les trésors surprenants que cache l’église de Polisy, aussi je vous donne rendez-vous avec Elisabeth le 12 juillet ou le 16 août à 14H30 pour une découverte passionnante qui vous fera ouvrir grand vos yeux et vos oreilles !
Durée de la visite : entre 1H et 1H30.
À noter également un récital de piano à l’occasion des journées du patrimoine : une première pour l’église de Polisy !
Retrouvez l’ensemble des visites Un jour, une église dans le Programme d’été des visites et animations des églises de l’Aube ou sur www.bienvenue-en-champagne.com