En l’an de grâce 2018, par un chaud soleil de juillet, alors que les champs de blé de l’Aube en Champagne brillaient de tout leur or, Dame Ambre nous accueillit, mes enfants et moi, dans sa jolie petite cité de caractère. Damoiseaux et damoiselles des environs étaient aussi présents, conviés comme nous à la découverte de cette ancienne motte féodale dénommée en ce temps-là Pâté.
La bourse a eu la cote !
À peine eussions-nous pénétré en ces lieux jadis emmurés de remparts, que Dame Ambre, toute affairée qu’elle était, nous invita à lui prêter main forte dans la confection de petites bourses en cuir, pour lesquelles restait à faire le laçage. En récompense, chacun repartit avec sa bourse, destinée à nous accompagner sur les chemins du Moyen-Age ervytain. Chevaliers du Temple et princesses ne furent ainsi pas démunis.
Gare aux brigands !
« La bourse ou la vie ! » C’est bien connu. En ce temps-là, nos chevaliers étaient preux, et nos princesses aimaient à se placer sous leur protection. Grand bien leur fît ! Brigands, bandits, malandrins n’avaient qu’à bien se tenir s’ils ne voulaient pas finir en prison en essayant de dérober ces jolies bourses confectionnées par Dame Ambre et sa fine équipe.
À l’aventure hors les murs !
Nos gentes dames et damoiseaux firent montre de grande bravoure en osant s’aventurer hors les murs de la cité. Moultes péripéties les attendaient encore, mais ils ne reculaient devant rien. Une fois franchie la porte entourée de deux tours massives et autrefois munie d’une herse pour repousser l’ennemi, nos jeunes gens admirèrent les douves qui jamais ne furent remplies d’eau, puis descendirent le long d’un chemin herbeux bordé d’arbres, le pied aguerri, l’œil affûté et l’oreille aux aguets.
Retour au jardin d’Eden
Le périple aboutit – oh bonheur des jours premiers ! – à un délicieux hortus conclusus, écrin paisible de verdure et de pureté pour nos princesses et chevaliers, qui trouvèrent là lieu propice au repos et magie des sens. Comment ne pas se laisser enivrer par les charmes olfactifs de la menthe verte, de la citronnelle, de l’origan et que sais-je encore ? Et regarder mûrir les pommes sur l’arbre de la connaissance ?
En route pour la quête du Graal !
Ragaillardis, damoiseaux et damoiselles quittèrent leur jardin ressourçant, gravirent des marches abruptes qui les conduisirent à nouveau intra-muros, en direction de l’église Saint-Pierre-ès-Liens, lieu spirituel de la cité. En ces lieux ils se recueillirent, absorbés par les vitraux aux tons rubis, saphir et or (NB : les triomphes de Pétrarque n’ont pas encore fait leur retour), se préparant ainsi à la quête du sacré Graal.


Après avoir fait une halte au sommet de leur promontoire, pour s’assurer qu’aucun ennemi n’obscurcisse l’horizon, ils poursuivirent leurs tribulations jusque dans un espace arboré où leur quête prit fin. Saisis d’une incontrôlable fébrilité à l’idée de pouvoir enfin rendre à la lumière leur fameux trésor, chacun et chacune courut à corps perdu pour le retrouver. Ce fut chose aisée car ils étaient en grand nombre. Dame Ambre les félicita et eut l’honneur d’ouvrir la malle contenant le Graal : des diplômes de chevaliers et de princesses. Dame Ambre adouba iceulx tour à tour, sans exception, et rendit grâce à l’ordre des Templiers avant de prendre congé.