Clairvaux, l’aventure cistercienne
Du 5 juin au 15 novembre, le bâtiment de l’Hôtel-Dieu-le-Comte accueille une exposition sur Clairvaux et les cisterciens. A la mi-août, toutefois, quelques documents seront retirés ou ajoutés pour des raisons de conservation et/ou de conditions de prêt.


Il est possible de visiter cette exposition seul ou accompagné d’un guide, tous les jours, gratuitement, à 16h15. C’est cette seconde formule que j’ai choisie. Notre petit groupe était composé de cinq personnes et c’est ensemble que nous avons parcouru les différentes salles de l’exposition dédiées à Clairvaux. Outre l’intérêt de l’exposition, cela a été un bonheur en ces temps de canicule, la température étant régulée pour des raisons de conservation.
Début de la visite : devant une grande frise chronologique retraçant la vie de l’Abbaye Cistercienne de Clairvaux, on nous informe que nous allons découvrir près de 160 œuvres d’art et manuscrits, la plupart d’entre eux étant réunis pour la première fois depuis la Révolution ! Autre information de taille : un manuscrit de grande valeur fait sa dernière sortie en public lors de cette exposition : il s’agit de la Bible d’Etienne Harding, abbé de Cîteaux !
Après ces indications, nous pouvons commencer la visite. Retour sur un bref rappel historique et contextuel, illustré par des manuscrits et autres œuvres … Le guide nous rappelle les éléments qui constituent la règle bénédictine fondée au VIe siècle et qui sont capitaux pour la compréhension du mouvement qui a entouré la réforme grégorienne du XIe siècle et la fondation d’abbayes telles que Molesme et Cîteaux, qui marquent l’origine de l’ordre cistercien (abbayes fondées par Robert de Molesme).
Cîteaux prospère et devient la maison-mère de plusieurs centaines de monastères dont Clairvaux qui est l’une des quatre filles « majeures » (premières fondations) de Cîteaux avec La Ferté, Pontigny et Morimond. Elle est fondée le 25 juin 1115 par Bernard, accompagné de douze moines de Cîteaux.
C’est d’ailleurs sur le personnage emblématique de Bernard (qui devient saint Bernard qu’en 1174) que se poursuit notre visite. Plusieurs œuvres exposées nous permettent de cerner un peu mieux le personnage, son oeuvre, sa pensée, sa vie et son action. Ainsi, des objets lui ayant appartenu sont présentés tels que sa crosse, son sceau et son linceul qui, étonnement, a été plutôt bien conservé. D’autres objets exposés nous permettent de découvrir son oeuvre littéraire et sa pensée. Ainsi, nous découvrons ses écrits : Apologie de Guillaume de Saint-Thierry, Grande Bible de Clairvaux, divers écrits sur l’ordre du Temple, … Quelle n’a pas été ma surprise quand le guide nous a précisé que près de 550 lettres de Bernard avaient été retrouvées ! En tout cas, que ce soient à travers ses objets ou ses écrits, nous pouvons deviner un trait de personnalité de Bernard : celui-ci a prôné une grande simplicité, tant dans les enluminures et les écritures de ses œuvres que dans sa façon d’être et de vivre. Cet homme s’est imposé tout de même un régime ascétique impressionnant : il ne se nourrissait par exemple que de cendres et de feuilles de chêne !
La deuxième salle de l’exposition, quant à elle, nous fait part du développement de l’abbaye de Clairvaux. Ainsi, nous découvrons, à travers un arbre généalogique des abbayes et une carte interactive de l’Europe, la filiation et l’expansion de l’abbaye. Il faut savoir, qu’à la mort de Bernard, l’abbaye a dénombré pas moins de 800 moines et convers a ainsi qu’un patrimoine foncier important. Elle possédait aussi de plus en plus d’objets luxueux comme en témoigne la croix exposée, composée de matériaux précieux finement travaillés. En 1250, l’abbaye était à la tête d’un rameau de 339 abbayes filles dans l’Occident chrétien ! Dans cette salle, différents documents et objets précisent également la façon dont l’abbaye s’organisait en interne (journée type du moine, registres,…).
La dernière salle revient sur les crises qu’a dû traverser l’abbaye et comment elle s’y est plutôt bien adaptée, comme, par exemple, en instaurant le système du faire-valoir indirect. Puis, nous suivons l’évolution de la fonction de l’abbaye. Le contrat de vente de 1792 qui est exposé nous apprend que l’abbaye a été vendue à un entrepreneur qui l’a transformée en verrerie … avant qu’elle ne devienne un Bien National et soit transformée en prison comme l’a été le Mont-Saint-Michel également.
Fin de la visite ; le guide nous encourage fortement à compléter cette visite par celle de l’Abbaye de Clairvaux, toujours visitable pour la partie historique du Moyen-Age.