Raoul Dufy, artiste français aux multiples facettes, est à l’honneur au Musée d’Art moderne de Troyes. A travers 250 tableaux, dessins, tissus, robes et décors muraux, la visite nous emmène dans un univers léger et printanier, haut en couleurs.
« Mes yeux sont faits pour effacer ce qui est laid » : cette phrase signée Raoul Dufy nous accueille à l’entrée de l’exposition. Elle me surprend d’abord mais c’est à la sortie que je la comprends mieux.
La visite commence par une contextualisation de l’œuvre : nous sommes au Musée d’Art moderne de Troyes, un musée né de la donation de Pierre et Denise Lévy et qui réunit dans l’ancien évêché une collection d’œuvres d’art datant de 1850 à 1960.
Un artiste aux multiples talents
Si l’on connaît Raoul Dufy, c’est surtout pour ses peintures. Moi qui ne le connaissais que de nom, je suis surprise de voir l’étendue de son œuvre. La première salle de l’exposition est en cela étonnante : une vingtaine de tableaux et l’on croirait voir autant d’auteurs différents.
Mais c’est bien Raoul Dufy qui a peint ce port du Havre où il est né en 1877. C’est aussi lui qui, à vingt ans, dresse ce portrait d’un nu. Lui encore qui dépeint son atelier en grand format avec son autoportrait.
Impressionnisme et fauvisme, Paul Cézanne puis Henri Matisse : Dufy peintre se laisse influencer. Puis il rencontre Apollinaire et illustre son Bestiaire : le peintre devient graveur, avec des fleurs, tortues, chevaux et éléphants, autant de motifs qu’il reprendra dans ses tissus.
Les dames critiquent ses peintures et portent ses robes
D’abord pour Paul Poiret, puis pour la maison Bianchini-Férier, Raoul Dufy crée des motifs reproduits ensuite sur des textiles de mode et d’ameublement. On peut voir ici les esquisses et les produits finis.
Certaines robes exposées sont d’époque, d’autres sont des créations récentes à partir de motifs imaginés par Dufy. On croirait pourtant qu’ils datent d’aujourd’hui tant certains tissus ont l’air « tendance ». Il paraît qu’à l’époque, certaines grandes dames critiquaient les peintures de Dufy en ignorant qu’elles portaient sur elles les robes dont il avait peint les motifs.
Madame la guide nous raconte Dufy comme on raconte une histoire aux enfants : le ton est à la fois naturel et accrocheur. Moi qui suis plutôt admiratrice de la Renaissance et pas particulièrement fan de mode, je suis surprise de constater que cette exposition me plaît.
Une balade colorée en famille
Un mannequin attend que des enfants l’habillent. Les plus jeunes sont en effet invités à créer eux aussi leurs motifs sur un bout de tissus, de manière répétée mais pas uniforme : il faut faire aussi bien que Dufy.
La visite se termine par la Fée électricité : l’un des grands décors peints par Dufy, dont l’original se trouve au Musée d’Art moderne de Paris et mesure… 624 m². Tout aussi colorée que les autres créations, elle conclut cette exposition gaie et divertissante.
La guide s’en va et nous laisse continuer librement cette visite-promenade de printemps. Je quitte la dernière salle avec à l’esprit des images de fleurs et de papillons. Puis je revois cette phrase de Dufy et je me dis que oui, vraiment, son regard d’artiste et son coup de pinceau savent effacer ce qui est laid pour le rendre beau.
Pratique : Musée d’Art moderne de Troyes, 14 place Saint-Pierre, 10000 Troyes. Renseignements au 03 25 76 26 80. Tarifs : 5€ pour les adultes, gratuit pour les moins de 18 ans, étudiants de moins de 25 ans, demandeurs d’emploi… Gratuit pour tous, les 1ers dimanche du mois. Horaires (1er avril – 31 oct.) : 10h-13h et 14h-18h du mardi au dimanche. Séances « en famille » pour les enfants de 6-11 ans pendant les vacances scolaires ; réservation au 06 38 82 37 22.