Les anecdotes sur l‘Empereur Napoléon Ier (1769-1821), sont nombreuses. Il y a tout d’abord, cette célèbre phrase prononcée en Egypte à ses soldats « – Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! », ou bien ce cri du cœur en évoquant Brienne-le-Château où il fit ses études dès l’âge de neuf ans. « – Pour ma pensée, Brienne est ma patrie, c’est là que je ressenti les premières impressions de l’homme ».
Le meneur d’hommes, génial vainqueur d’Austerlitz ou de Wagram, fit ses classes dans ce petit collège de province, à côté de Troyes dès 1779. Une légende brosse bien le personnage, future figure impériale conquérante de l‘Europe. Elle relate une fameuse bataille de boules de neige.
Napoléon est doué dans toutes les matières. Le pauvre enfant fait cependant l’objet de railleries de la part de ses camarades, son accent corse le livre aux plus mauvaises et maladroites attitudes de leur part. Il dépasse cette difficulté en apprenant le français en un temps record, ce qui étonnent ses professeurs. Il préfère de beaucoup tenir un livre en main à la récréation plutôt que de se joindre aux groupes de farceurs qui le martyrise.
Ses camarades, issus de la noblesse, pensent avoir plutôt des leçons à lui donner qu’en recevoir. Mais c‘est lui qui va un jour d’hiver donner la leçon, devant ses maîtres interloqués, ses camarades décontenancés.
Pour habituer les élèves à la hiérarchie militaire, les pères du collège avaient divisé les enfants en plusieurs « bataillons », dont les chefs étaient désignés parmi les pensionnaires. Napoléon reçoit le rang de capitaine. Or, un condisciple rapporte qu’à la suite d’un « conseil de guerre », il fût déclaré que ce camarade là était indigne de commander, parce qu’il paraissait « dédaigneux». Après avoir entendu le jugement qui le dégradait et le rejetait au dernier rang du bataillon, on le dépouilla des marques distinctives de son rang. Napoléon apparut insensible à la sentence. Il prit sa revanche au cours d’un hiver particulièrement rigoureux. Une épaisse couche de neige couvrait la cour de récréation et empêchait même d’y jouer. Les élèves devaient se contenter de faire les cents pas dans une des pièces de l’école. Un jour, il expliqua à ses camarades « qu’ils s’amuseraient bien autrement » avec des pelles, afin de se frayer des passages dans la cour, à travers la neige, creuser des tranchées et élever des parapets ». Ce travail terminé, tous pourrait simuler un siège, se pressant d’ajouter « – Je me charge de diriger les attaques ! ». La joyeuse bande accepta cette initiative avec enthousiasme. La petite guerre dure quinze jours. Elle ne cessa que lorsque les graviers et les petites pierres se mêlant à la neige et dont on se servait pour faire les boules, causèrent de sérieuses blessures à plusieurs élèves. « – Je me rappelle même que je fus un des élèves les plus maltraités par cette mitraille. » Raconte un de ses amis, Bourrienne. Cela n’empêcha pas ce même Bourrienne de devenir plus tard secrétaire de l‘Empereur.