C’est aux confins du département de l’Aube en Champagne, ancien territoire bourguignon, que nous avions rendez-vous ce mercredi 18 juillet pour découvrir les petits trésors insoupçonnés du Pays d’Othe, en rase campagne, sur une terre de silex qui a vu passer les premiers hommes (je vous invite à ce propos à aller visiter l’exposition ArkéAube à l’Hôtel-Dieu à Troyes, visible jusqu’au 31 décembre).
Tout s’est déroulé autour du charmant village de Coursan-en-Othe, qui abrite les ruines d’un château médiéval. La motte est toujours présente, avec ses vestiges de pierre dont la tour de guet, surplombant les douves. Le lieu est verdoyant, arboré, et propice à une balade bucolique. Son attrait est incontestable et mérite absolument le détour.
J’aurais aimé en apprendre davantage sur l’histoire de ce château qui a malheureusement été ignoré lors de la visite. Mais comme je suis curieuse et que je n’ai pas l’intention de rester sur ma faim ni de vous laisser sur la vôtre, je vous livre ici très succinctement les éléments que j’ai glanés ici et là pour étayer mon propos et éclairer notre lanterne à tous : la forteresse a été la demeure des ducs de Bourgogne, qui y occupaient une place stratégique dans les batailles qui les opposaient aux Rois de France. Elle a été détruite à la Révolution, en 1780 exactement, par le marquis d’Erlack. Le parc alentour conserve quant à lui des arbres remarquables, parmi lesquels un imposant tulipier de Virginie du XVIIe siècle qui dévoile ses plus beaux atours aux mois de mai et juin, ainsi qu’un cyprès chauve et ses pneumatophores (avis aux férus de botanique : ce sont des excroissances racinaires qui poussent dans l’eau, permettant à l’arbre de mieux respirer).
La balade du jour nous a emmenés pour commencer chez Gérard Mignon, collectionneur de rouets. Il y a trente ans, notre passionné avait déniché les restes d’un ancien rouet sur une brocante, avec l’idée de le reconvertir en lampe. Sa destination fut finalement toute autre, signant là le début d’une grande collection. Gérard Mignon a ainsi voyagé par monts et par vaux dans la France entière, et jusqu’à l’étranger, avec pour objectif de rassembler des modèles différents, reflétant chacun la diversité des régions qui les a vu naître. Chaque pièce est donc unique et se distingue des autres par l’essence du bois utilisé (ébène, noyer, chêne, châtaigner, hêtre…), la taille, les ornements (un clocher-mur pour un rouet grec orthodoxe, un mouille-doigt pour un rouet de table, un rouet de luxe alsacien en os et corne… Certains sont aussi peints et sculptés, affichant là leur raffinement).
Puis nous sommes partis pour une rando-balade de 7 km en plein champ, fort agréable mais qui aurait été plus appréciable en début de matinée en raison des fortes chaleurs. J’aimerais aussi la refaire au printemps ou à l’automne, quand la végétation est plus abondante et riche de sa diversité, afin de pouvoir m’imprégner des odeurs de la nature et apprendre à reconnaître les plantes sauvages.
Nous avons achevé notre périple par une halte au Comptoir des Confitures, géré par Catherine Manoël, maître-artisan confiturier qui a officié pendant douze ans aux côtés de Paul Bocuse. Sélectionnés avec rigueur pour une qualité exceptionnelle et irréprochable, les fruits subissent une cuisson lente dans de petits chaudrons en cuivre, respectant un mode de fabrication ancien dit « À la Royale ». Catherine Manoël réalise un véritable travail d’orfèvre : les fruits sont préservés entiers, les couleurs sont extraordinairement lumineuses, le tout avec le minimum de sucre autorisé par la réglementation, sans colorant ni conservateur d’aucune sorte. Par ailleurs, Catherine Manoël extrait elle-même la pectine des pommes récoltées dans le Pays d’Othe pour gélifier ses confitures. Pour en savoir plus à son sujet : http://comptoirdesconfitures.fr/