Au XIIIe siècle, la ville fortifiée de Villemaur-sur-Vanne était un centre important d’échanges commerciaux, avec quatre foires annuelles. La collégiale Notre-Dame accueillait alors jusqu’à neuf chanoines. Cette collégiale est la principale trace qu’il nous reste de cette époque. Elle s’impose dans le paysage avec à sa tour clocher de 33 mètres de hauteur recouverte de bardeaux de châtaigner datant du XVIe siècle. Dans la collégiale de Villemaur-sur-Vanne se dresse un jubé en bois construit en 1521 par deux compagnons : les frères Guyon. Près de 5 siècles plus tard, les décorations et gravures sont toujours intactes. Le jubé de Villemaur-sur-Vanne est très représentatif de la sculpture champenoise du XVIème siècle. il témoigne de la richesse du patrimoine religieux de l’Aube. C’est aujourd’hui l’un des derniers et des plus beaux jubés en bois sculpté de France.
Le Jubé de Villemaur, une pièce unique de la sculpture champenoise
Le jubé de Villemaur-sur-Vanne est l’une des pièces les plus remarquables de la sculpture champenoise de la Renaissance. Orné de vingt-deux panneaux de bois consacrés à la Vie de la Vierge et à la Passion, il est l’unique œuvre de ce type conservée en France. Pour créer ces bas-reliefs sculptés, les sculpteurs champenois ont essentiellement pris pour modèle des gravures allemandes d’Albrecht Dürer et Schongauer.
Le jubé, conçu par les frères Thomas et Jacques Guyon, sculpteurs et maîtres menuisiers champenois, est achevé en 1521. Lors de la fabrication, les frères Guyon se partagent le travail : l’aîné, Thomas, décore la tribune côté chœur, consacrée aux onze scènes de la Vie de la Vierge. Il traite ses œuvres avec un réalisme encore très médiéval, dans le style flamand, reconnaissable à ses choux frisés, ses pinacles gothiques, ou encore ses dais flamboyants. Le cadet, Jacques, plus soumis aux influences italiennes, représente, tout au long des panneaux orientés vers la nef, la Passion du Christ.
En 1857, à la demande des Monuments Historiques, le jubé est restauré par le sculpteur troyen Valtat. Cette restauration demeure néanmoins limitée aux parties décoratives, comme le constate l’inspecteur des Monuments Historiques en 1895. 1907, la commune de Villemaur songe à vendre le jubé pour financer l’installation d’une canalisation d’eau. Les panneaux sont démontés à la suite de ce projet mais leur remise en place est rapide, le ministère ayant refusé la vente du monument.
Les onze scènes de la Vie de la Vierge, côté chœur, sont entourées d’un cadre flamboyant, tandis que celles de la Passion, côté nef, sont associées à un décor italianisant.
Des motifs ornementaux antiquisants sur le côté ouest de la balustrade au décor flamboyant du côté est, le jubé présente l’intérêt d’observer une position stylistique très intermédiaire. Les sculpteurs puisent à la fois dans un répertoire décoratif traditionnel créé à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, et dans le vocabulaire ornemental, riche d’éléments inédits : volutes et chimères, médaillons supportés par des griffons ailés, arabesques des barreaux de clôture et l’escalier ajouré.
Les encadrements italianisants des scènes par un soubassement, des colonnes, des pinacles, et le couronnement, revêtent à chaque épisode représenté un caractère théâtral au jubé, et leur composition rappelle curieusement les bandeaux de certains livres imprimés au début du XVIe siècle.
De nombreuses animations pour fêter les 500 ans du jubé de Villemaur
À l’occasion des 500 ans du Jubé de la Collégiale de Villemaur-sur-Vanne, la commune nouvelle d’Aix-Villemaur-Pâlis, en partenariat avec l’ADT de l’Aube et l’Office de tourisme du pays d’Othe et d’Armance, a décidé d’organiser pour la première fois des festivités qui se dérouleront sur trois week-ends : les 3 et 4 juillet 2021, 14 et 15 août 2021 et enfin 18 et 19 septembre 2021.
Elles seront axées sur un thème médiéval rappelant l’univers historique du Jubé et de la Collégiale de Villemaur-sur-Vanne. Les animations prendront place à l’intérieur mais également à l’extérieur de la collégiale.
À l’extérieur, il y aura notamment des ateliers et expositions, des stands d’artisans et commerçants locaux ou encore des animations et spectacles pour petits et grands (animations médiévales, spectacle de fauconnerie, cracheurs de feu, spectacle équestre avec les Cavaliers du Centaure, son et lumières, feux d’artifices…), viendront ponctuer ces trois week-ends. Sans oublier, la restauration possible sur place, en Food Trucks mais aussi repas à thème (sur réservation) au restaurant local « Le Champenois ».
Dans la collégiale, on retrouvera par petits groupes de 15 personnes maximum, des visites guidées et commentées (avec guide conférencier ou en nocturne avec narration de Christian Brendel), des conférences, des expositions ou encore des concerts (concert d’orgue, Tambours et Cuivres de Nouvelle France…).
Afin de respecter le protocole sanitaire, les visites commentées de la collégiale et les conférences seront entrée libre mais sur réservation.